dimanche 1 avril 2007

Un détenu de Guantanamo évoque de faux aveux sous la torture

WASHINGTON (Reuters) - Un détenu du centre de détention américain de Guantanamo Bay affirme avoir été torturé jusqu'à ce qu'il avoue son implication dans l'attentat contre le navire américain USS Cole, entre autres actions terroristes, selon une transcription d'audition rendue publique vendredi.

Abd al-Rahim al-Nachiri, cerveau présumé de l'attentat en 2000 contre le navire, dans le port yéménite d'Aden, affirme aussi avoir dit aux personnes qui l'interrogeaient qu'Oussama ben Laden possédait une bombe nucléaire.

Il dit avoir inventé cette information, entre autres, en raison des tortures qu'il subissait, selon une transcription d'une audition qui s'est tenue le 14 mars dans le camp de Guantanamo afin de réexaminer son statut de "combattant ennemi".
"Dès que j'ai été arrêté, il y a cinq ans, ils m'ont torturé", a déclaré Nachiri, un ressortissant saoudien d'origine yéménite, dont les propos étaient traduits par un interprète.
"J'ai juste dit tout ça pour leur faire plaisir", a-t-il ajouté. "Ils ont été contents quand je leur ai dit ça."

Des responsables du renseignement américain disent qu'en plus de planifier l'attentat contre l'USS Cole, Nachiri a piloté le complot qui visait à importer clandestinement des missiles en Arabie saoudite pour attaquer une cible américaine.

L'armée américaine, pendant la partie non confidentielle de l'audition, a formulé des accusations moins étendues contre Nachiri.

L'armée l'a accusé d'avoir financé l'attentat contre l'USS Cole, qui a tué 17 marins américains et en a blessé 29. Citant des déclarations faites par un autre cadre présumé d'Al Qaïda, l'armée a déclaré que Nachiri avait acheté le bateau et les explosifs utilisés dans l'attentat.
Les Etats-Unis ont aussi affirmé que Nachiri avait aidé un homme impliqué dans l'attentat à la bombe de 1998 contre l'ambassade des Etats-Unis au Kenya à obtenir un passeport. L'armée dit qu'il disposait de plusieurs faux passeports de divers pays au moment de son arrestation aux Emirats arabes unis en octobre 2002.

PASSAGES CENSURÉS

Selon la transcription rendue publique par le Pentagone, Nachiri a démenti toute implication dans l'attentat contre l'ambassade et dans celui contre l'USS Cole.
Il s'est présenté comme un millionnaire qui avait des relations d'affaires, notamment dans le secteur de la pêche, avec de nombreuses personnes impliquées dans des activités terroristes, mais qui ne s'était jamais lui-même impliqué dans des attentats ou des préparatifs d'attentats.
Nachiri a dit qu'à l'époque il voyait souvent Ben Laden, qui lui a donné plus de 500.000 dollars pour son usage personnel, afin de financer ses activités de pêche ou encore son mariage.
"J'ai reçu de l'argent de lui plusieurs fois. Je ne sais pas quel est le montant total", a-t-il dit. Il estime avoir reçu environ 10.000 dollars pour un projet au Yémen et environ 500.000 dollars pour un projet de pêche au Pakistan.

Nachiri a expliqué par ailleurs avoir acheté des explosifs pour une autre personne, mais que ces explosifs étaient destinés à creuser des puits au Yémen.

Il a dit avoir avoué sous la torture son implication dans l'attentat contre l'USS Cole ainsi que l'attentat de 2002 contre le navire marchand français Limburg, et dans un projet d'attentats contre des navires américains dans le Golfe, entre autres.

Le gouvernement américain a censuré tous les passages de la transcription de l'audition dans lesquels Nachiri décrit les tortures qu'il dit avoir subies. Un porte-parole du Pentagone, Bryan Whitman, a déclaré que ces allégations de tortures feraient l'objet d'une enquête.
Nachiri est l'un des 14 détenus transférés en 2006 à Guantanamo après avoir transité par des prisons secrètes de la CIA dans des pays tiers. Ces suspects sont décrits comme des gens de "grande valeur" parce que leur capture est censée avoir eu un impact important sur les opérations d'Al Qaïda et qu'on les croit capables de fournir des renseignements de qualité.
L'audition de Nachiri était menée dans le cadre de la procédure de réexamen par un tribunal de son statut de "combattant ennemi", et ne visait pas à établir sa culpabilité.

Source: Reuters via Yahoo France Actualités

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